Depuis hier, les dirigeants de la planète sont réunis pour essayer de se mettre d’accord sur des mécanismes pour réduire les déséquilibres économiques de la planète. Il semble d’ors et déjà acquis que rien d’important ne s’y passera, comme le souligne Le Monde.
Un constat assez juste
Il y a un point positif dans ce G20, c’est que les dirigeants du monde semblent avoir compris certaines des causes des déséquilibres économiques actuels. Depuis 2008, ils ont saisi que le laissez-faire appliqué aux institutions financières était dangereux et qu’il faut absolument mieux réglementer les banques, les fonds d’investissements et les paradis fiscaux. En un sens, les dangers de l’anarchie financière ont été compris et les sujets des réformes qui ont été lancées sont les bons.
Mieux, se rapprochant de mon constat sur l’anarchie néolibérale, les dirigeants de la planète s’interrogent aujourd’hui sur les dangers de l’anarchie monétaire (la guerre des monnaies) et de l’anarchie commerciale (les déséquilibres trop importants de balance commerciale entre les pays). Nous sommes donc arrivés à une critique globale du « laissez-faire » économique qui conduit à des déséquilibres monétaires, financiers et commerciaux. Un immense progrès qu’il faut saluer.
Une absence de solutions
Malheureusement, les anciens schémas restent présents quand il s’agit de définir les solutions à ces déséquilibres. L’interview d’Eric Vernier, spécialiste de l’argent sale, dans le Nouvel Observateur, montre malheureusement que rien n’a changé ou presque pour les paradis fiscaux malgré les déclarations grandiloquentes de certains chefs d’Etat. La réforme des banques est abandonnée aux banquiers du comité Bâle 2 et les réformes de la finance ne sont que des réformettes.
Du coup, il était probable que rien n’avancerait sur les sujets pourtant intéressants mis à l’ordre du G20. L’idée de réajustements monétaires en fonction des balances commerciales était intéressante, mais elle semble déjà enterrée. Le protectionnisme est toujours présenté comme un danger et rien ne semble devoir être mis en place pour rééquilibrer les parités monétaires. Les dirigeants de la planète ont brassé beaucoup d’air et fait de grandes déclarations mais n’ont pas agi.
Point positif : désormais presque tout le monde a compris que le laissez-faire appliqué à l’économie mène au désordre et à des déséquilibres très graves. Point négatif : les dirigeants de la planète s’en tiennent à des réformettes. Il faudra sans doute une nouvelle grande crise pour une véritable réforme…
Laurent Pinsolle